Glossaire

Ceci est un glossaire des termes que j’utilise dans mes billets, et que je n’ai pas envie de redéfinir à chaque fois. Bien sûr, cette page est appelée à évoluer au fur et à mesure que mes concepts s’affineront…

Aléthique : qui a rapport avec la vérité (du grec aletheia, « vérité »). Juger un discours selon un critère « aléthique », c’est l’évaluer en fonction de sa valeur de vérité.

Énoncé (par opposition à « Opinion ») : Dans un parcours dialectique qui mène quelqu’un d’une opinion 1 à une opinion 3 en passant par une opinion 2, il est possible que les opinions 1 et 3, tout en étant différentes, s’énoncent plus ou moins de la même façon. L’opinion 1 et toujours différente de l’opinion 3, parce qu’une opinion (c’est la définition que je propose de donner à ce terme) contient toujours aussi, en plus de quelque chose d’énonçable et de prédicable, quelque chose qui n’est pas énonçable et qui relève de la manière dont cette opinion se situe par rapport aux autres – par exemple, l’opinion 3 contient le fait d’être ultérieure à l’opinion 2, et l’opinion 1 contient le fait d’être antérieure à l’opinion 2. Je préfère la distinction énoncé/opinion à la distinction contenu/forme, avec laquelle elle a pourtant des affinités (et dans « Dialectique pascalienne », j’utilise aussi cette distinction contenu/forme), parce que je veux précisément insister sur le fait que la forme fait partie du contenu.

Être humain non né : expression que j’ai introduite ici pour désigner l’être humain de sa conception à sa naissance. Je copie-colle l’argument que je donnais en note de bas de page :

Il n’y a pas de mot général pour désigner ensemble les fœtus (à partir de huit semaines de grossesse) et les embryons (avant huit semaines). Les anti-IVG disent « enfants à naître », mais la tournure à naître suppose que le destin de l’enfant est de naître, ce qui est une manière de régler la question avant de l’avoir posée, et le mot enfants est susceptible de connotations affectives un peu gênantes. Être humain non né, c’est parfaitement descriptif et tout à fait neutre – je sais qu’il y en a qui contestent qu’un fœtus soit un être humain, mais je n’ai jamais lu ni entendu d’argument convaincant à ce sujet.

Humain non né : voir « Être humain non né ».

Modal (possible) : voir « Prédicatif (possible) ».

Opinion : voir « Énoncé ».

Prédicatif (possible) / possible modal : Si l’on me demande : « Est-ce que Napoléon est mort un jour pair ? » et que je réponds : « C’est possible », je ne dis rien sur le monde ; je ne fais que dire quelque chose sur moi, sur l’état de mes connaissances. La phrase : « Il est possible que Napoléon soit mort un jour pair », ou : « Napoléon est peut-être mort un jour pair », n’a pas vraiment de valeur de vérité (pas plus qu’une interrogation : « Napoléon est-il mort un jour pair ? »). Le modalisateur, peut-être ou il est possible que, suspend l’actualisation du contenu prédicatif de la phrase. La vérité, c’est que Napoléon est mort un 5 mai ; il s’agit d’une information historique, parfaitement disponible, qui se trouvait accidentellement me manquer. C’est ce manque qu’exprime l’adjectif possible.

En revanche, si l’on me demande : « Une guerre mondiale va-t-elle éclater dans le prochain demi-siècle ? » et que je réponds : « C’est possible », le mot a un sens tout à fait différent. Car personne n’a la réponse à cette question : peut-être y a-t-il des analystes qui pensent plutôt que oui, et d’autres plutôt que non, mais la totalité ou la quasi-totalité d’entre eux/elles admettent certainement qu’ils/elles n’ont aucune certitude sur la question. Certaines affirmations peuvent donc faire l’objet de débat quant à la question de savoir si elles sont vraies, fausses ou incertaines, et répondre qu’elles sont incertaines constitue une vraie réponse. Ce n’est pas le cas lorsque je dis qu’il est incertain si (ou possible que) Napoléon est mort un jour pair.

Je distingue donc le possible modal, qui modalise un prédicat en en suspendant la valeur et qui correspond donc à un aveu d’ignorance (« Il est possible que Napoléon soit mort un jour pair ») et le possible prédicatif, qui appartient complètement au prédicat, et qui ne recèle aucun aveu d’ignorance (« Il est possible qu’une guerre mondiale éclate dans le prochain demi-siècle »).

Cette distinction a été proposée dans cet article, et la terminologie fixée dans ce commentaire, grâce à des suggestions de p4bl0.

Tort négatif :  J’ai défini cette notion ici :

Un tort négatif résulte uniquement dans la privation de quelque chose, privation qui ne résulte pas dans une aggravation objective de l’état de la victime du tort, mais simplement dans sa non-amélioration. Un tort positif, au contraire, c’est quand une personne subit quelque chose qui occasionne chez elle des affects négatifs (de douleur, de tristesse, de frustration, etc.). Pour faire comprendre ce que c’est qu’un tort négatif, je propose l’exemple suivant (qu’un ami m’a soufflé): un vieil oncle d’Amérique (dont je n’ai jamais entendu parler) vient de mourir en me léguant un héritage qu’une personne malintentionnée (dont je n’ai jamais entendu parler non plus) détourne à son profit (sans que je l’apprenne jamais). Aucun tort positif ne m’est causé (mon état ne sera pas altéré en mal), mais je subis quand même un tort, parce qu’on me prive d’affects positifs que j’aurais dû connaître. Pour l’enfant non né, c’est pareil : on le prive d’une vie, donc d’affects positifs qu’il aurait dû connaître.

X-phobie : terme que je ne saurais, pour le moment, définir autrement qu’en extension : c’est tout ce qui relève du racisme, de l’homophobie, du sexisme, de la transphobie. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut y inclure le spécisme, par exemple, ni le « classisme », mais il n’y a pas besoin d’être au clair sur ces questions pour que le concept soit opératoire. Il a surtout pour avantage de me dispenser d’utiliser le mot racisme à tort et à travers, et à faire du racisme la X-phobie par excellence, alors qu’il n’y a pas de raison. J’introduis le terme ici, et j’en parle aussi (entre autres).

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3 commentaires

  1. Pour Xphobe tu peux tout simplement dire oppressif ^^ C’est le terme consacré, même si je mettrais une différence d’intensité et parfois une nuance entre un truc Xphobe et un truc anti-X-iste.
    Exemples d’oppressions Xphobes: homophobie, transphobie, psychophobie (on devrait ajouter neurophobie et physiophobie), judéophobie, islamophobie, négrophobie, romophobie, asiatophobie, prolophobie, …
    Exemples d’oppressions anti-X-istes: hétérosexisme, cissexisme, validisme, antisémitisme, antimusulman·e·s, anti-noir·e·s, anti-roms, orientalisme (je suis pas sûr·e que ce soit le bon terme ^^ » ), bourgeoisisme (dsl je préfère ce terme à classisme ^^ » ), …
    Ce commentaire n’est qu’une suggestion et je pense qu’il y a pleins d’erreurs dans les termes que j’ai pris comme exemple, si j’ai dit des trucs oppressifs ou que vous n’êtes pas d’accord avec certains des mots que j’ai choisis n’hésitez pas à me corriger ^^ »

    1. Merci pour vos remarques. Quelques éléments de réponse :

      -Je ne suis pas trop d’accord pour remplacer « X-phobe » par « oppressif ». L’oppression renvoie à un mécanisme précis, qui suppose, en particulier, une ou plusieurs victimes (les « opprimé-e-s », donc) ; or j’essaie de définir la X-phobie de manière plus abstraite que cela. Il y a des cas où ça ne marche pas très bien, « oppressif » : qui est « opprimé-e » par une pensée raciste non formulée, par exemple ? Personne, à mon avis. On a une pensée X-phobe mais pas « oppressive ».

      (Et ce n’est pas un contre-exemple tordu et alambiqué : dans cet article par exemple https://analysesynthese.wordpress.com/2016/02/04/le-jugement-politique-comme-un-lment-du-jugement-de-got/ j’envisage un peu ce genre de cas de figure).

      -Sur la différence entre l’anti-X-isme et la X-phobie, je pense que vous vous laissez abuser par l’étymologie des mots. Plus exactement, je veux bien admettre que les mots en -isme renvoient plus facilement à une vision du monde générale, alors que les mots en -phobe à une hostilité et/ou à des comportements dirigés contre des gens. Seulement, autant dans certains cas il y a des doublets (transphobie/cissexisme, handiphobie/validisme…), autant dans d’autres cas il n’y a qu’un seul mot pour désigner l’ensemble des phénomènes : homophobie, racisme… Et puis je ne crois pas que le doublet judéophobie/antisémitisme corresponde vraiment à une distinction de nuance ou d’intensité : il me semble qu’on a tendance à réserver « judéophobie » à la haine contre les juif/ve-s en tant que groupe religieux, alors qu’il y a une dimension plus raciale dans l' »antisémitisme ».

      -Ca me parait un peu gênant de parler de « bourgeoisisme » : encore faudrait-il savoir ce qu’est un-e « bourgeois-e » ! Si des étudiant-e-s méprisent des ouvrier-e-s, en quoi c’est du « bourgeoisisme » ? Les étudiant-e-s ne sont pas des bourgeois-es ! Et si des ouvrier-e-s salarié-e-s méprisent les chômeur/se-s ? Etc. D’ailleurs, qu’est-ce qui vous gêne, dans le mot « classisme » ?

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