Sexisme anti-homme, racisme anti-blanc

Le racisme anti-blanc, le sexisme anti-hommes existent-ils ? Beaucoup de gens de gauche ont une réponse bien tranchée : non – sous prétexte que ni l’un ni l’autre ne sont « structurels », et qu’ils sont invoqués en manière de diversion par des masculinistes ou des gens d’extrême-droite. Il me semble pourtant que cette position réactive et défensive n’est pas la plus fine. Cela fait longtemps que j’ai envie de parler de ça sur ce blog ; je profite d’avoir retrouvé quelque part dans mon ordinateur un commentaire facebook assez ancien sur la question, pour proposer enfin cette analyse.

(Cet article est donc, pour l’essentiel, un commentaire facebook adapté au format billet de blog).

Je tiens, préalablement, à dire qu’il est possible que les points que je vais développer fonctionnent mieux pour la question du sexisme anti-homme que pour celle du racisme anti-blanc. Mais mutatis mutandis, il y a sans doute quand même des choses à garder pour le racisme anti-blanc.

1 : L’idéologie sexiste n’est pas, avant tout, une haine ou un mépris dirigé contre une partie de la population (les femmes par exemple, mais aussi les hommes pour les gens qui pensent que le sexisme anti-homme existe) ; c’est, avant tout, un phénomène d’essentialisation et de naturalisation des rôles sexués ;

2 : La hiérarchisation est indissociable de l’essentialisation, dont elle est même en quelque sorte la raison d’être : du coup, si on essentialise des genres et des rôles genrés, on en arrive forcément à un stade où un genre se voit assigner une position sociale moins enviable que l’autre ;

3 : Du coup, le mépris envers les femmes, et les comportements sociaux discriminatoires qui vont avec, sont l’expression majoritaire du sexisme : les femmes sont les victimes ultra-majoritaires du sexisme ;

4 : Mais comme effet collatéral de cette essentialisation, il peut arriver que les hommes soient aussi victimes de sexisme (par exemple ils peuvent être condamnés à de plus lourdes peines de prison parce qu’ils passent pour des brutes, ou ils peuvent être enfermés dans un rôle stéréotypé d’homme fort dans lequel ils ne se reconnaissent pas et dont ils souffrent) ;

5 : Il est cependant abusif de parler du sexisme anti-homme comme d’une réalité autonome, car ce sexisme est le même que celui qui touche les femmes. Malgré la différence d’objets, il s’agit du même phénomène fondamental d’essentialisation, quand bien même ses manifestations concrètes sembleraient à l’exact opposé de celles du sexisme anti-femmes ordinaire ;

6 : En un sens, il n’y a donc pas de sexisme anti-homme ni même de sexisme anti-femme, mais un sexisme multiforme dont les premières victimes sont les femmes, mais dont rien n’exclut a priori que les hommes puissent en être victimes aussi. Mais il s’agit à chaque fois d’aspects différents du même phénomènes, et non de phénomènes différents (et encore moins de phénomènes opposés).

Je tiens donc à exprimer un désaccord à la fois avec les tenant-e-s du racisme anti-blanc ou du sexisme anti-homme et avec ceux et celles qui critiquent ces concepts au nom d’une conception du racisme ou du sexisme comme phénomènes « structurels » (c’est-à-dire avec ceux et celles qui disent qu’il n’y a pas de racisme anti-blanc parce que les blanc-he-s ne sont pas victimes de discrimination à l’embauche et de contrôle au faciès). Je pense que cette redéfinition du racisme qu’ils/elles proposent est un coup de force lexical qui a le gros défaut d’être tautologique (car s’il n’y a de racisme que structurel, comment établir le caractère structurel d’un phénomène sinon par la compilation et la mise bout à bout de comportements qu’on a jugés racistes ?) et de reposer sur une conception du « structurel » qui s’interdit de considérer différents niveaux d’analyse – différents champs, différentes « structures » comme je disais dans cet article. Après tout, il se pourrait fort bien que les blanc-he-s soient occasionnellement victimes de racisme « structurel » dans un champ, dans un micro-milieu où, pour une raison ou une autre, les non-blanc-he-s soient dominant-e-s (il peut y avoir des cercles de sociabilité organisés en fonction de la race, par exemple). Implicitement, en refusant de considérer le racisme anti-blanc au nom de son caractère non « structurel », ces camarades identifient « structurel » et étatique ou « structurel » et national, comme si l’Etat, ses institutions et son territoire étaient les seules structures valables pour penser les phénomènes sociaux. Ou bien ils identifient « structurel » et majoritaire, comme s’il n’y avait pas aussi des structures sociales marginales, plus ou moins confidentielles. Du coup, leur position revient à dire que le racisme anti-blanc n’est pas un racisme majoritaire ni un racisme d’Etat, ce qui, sauf pour que quelques sombres brutes au crâne rasé, est une trivialité et une évidence. Bref, j’ai l’impression que ma solution est beaucoup plus satisfaisante et beaucoup plus économique (et beaucoup plus dialectique) que la leur.

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20 commentaires

  1. « Implicitement, en refusant de considérer le racisme anti-blanc au nom de son caractère non « structurel », ces camarades identifient « structurel » et étatique ou « structurel » et national, comme si l’Etat, ses institutions et son territoire étaient les seules structures valables pour penser les phénomènes sociaux. »

    Comme en ce sens là il n’y a plus d’antisémitisme structurel en France depuis la fin du régime de Vichy ( les gens du PIR nous parlant même, à l’inverse, de philosémitisme d’Etat) l’antisémitisme n’est plus du racisme, ou c’est un racisme qui n’a pas plus d’existence que le racisme anti-blanc!!
    Ce simple exemple devrait suffire à ouvrir les yeux de tous les demi-habiles qui nous expliquent qu’il n’y a de racisme que structurel (ou systémique) parce que ça fait « sociologique » sans pouvoir nous expliquer comment ils identifient une structure / un système.
    Mais au delà des militants et des demi-habiles, se pose la question de savoir si un approche structurale même « maîtrisée » épuise les phénomènes que le sens commun pré-sociologique qualifie de racisme.

    1. « Comme en ce sens là il n’y a plus d’antisémitisme structurel en France depuis la fin du régime de Vichy ( les gens du PIR nous parlant même, à l’inverse, de philosémitisme d’Etat) l’antisémitisme n’est plus du racisme, ou c’est un racisme qui n’a pas plus d’existence que le racisme anti-blanc!! »

      Oui. Un autre exemple, un peu différent, serait la « biphobie », comme X-phobie visant spécifiquement les personnes bisexuelles. Il n’y a pas de discours biphobes dans l’espace public, ou très peu ; les bisexuel-le-s sont surtout victimes d’homophobie, et il peut y avoir EN PLUS une biphobie spécifique qui s’exprime dans des milieux homos (comme il peut y avoir du racisme anti-blanc dans des milieux racisés, etc.). Mais j’ai du mal avec l’idée qu’il y ait une biphobie « structurelle » au sens où les militant-e-s entendent le mot « structurel ».

    2. Nier l’existence du racisme anti-blancs implique en effet la négation de l’antisémitisme. Il n’existe qu’une définition du racisme, lequel est multilatéral et multiforme, et cette définition n’a été remise en cause que par des mouvances racistes ET antisémites.

  2. Dsl de vous décevoir mais il y a un antisémitisme structurel ainsi qu’une biphobie structurelle.
    L’antisémitisme structurel se manifeste d’une façon très particulière, sournoise et insidieuse par rapport à d’autres racismes plus «évidents». En effet il y a un double discours: l’État et les institutions font mine de valoriser les juifs (ils ne parlent jamais des juives d’ailleurs, ce qui est très sexiste), de l’autre ils sortent des petites phrases insinuant que les Juifs ne sont pas français par exemple. D’un côté quand tu y réfléchis en te disant est-ce que les Juifs sont victimes de discrimination à l’embauche par exemple tu te dis que non, de l’autre si tu remplaces simplement «Juif» par «séfarade» par exemple et que tu imagines une personne au cheveux frisés typée maghrébine avec un nom clairement identifié comme Juif tu te rends compte que «ah bah en fait si». Attention je ne dis pas que les ashkhénazes ne subissent pas de racisme, j’essaye juste de montrer en prenant un cas particulier que quand tout le monde a dans la tête une image de LeJuif (à mettre en parallèle avec notre lafâme nationale), les personnes juives rencontrées sont tellement invisibilisées qu’on ne se rend plus compte du racisme que ces personnes subissent. Je ne sais pas si mes explications sont assez claires et pas trop sujettes à débat, je pense que les jjr expliquent ça mieux que moi: https://juivesetjuifsrevolutionnaires.wordpress.com/
    Concernant la biphobie en réalité il y a un hétérosexisme structurel (c’est à dire une oppression structurelle dirigée contre toutes les personnes non hétéro, aussi bien les personnes homosexuelles, bies, pan, asexuelles, aromantiques, etc). Cet hétérosexisme revêt une forme particulière dans chaque sous-oppression qu’il contient, et c’est le cas pour la biphobie. Les personnes bies sont invisibilisées, le discours officiel étant qu’une personne doit être attirée par une personne de sexe opposée (sans faire la distinction entre genre et sexe d’ailleurs) et que certaines personnes sont attirées par des personnes de même sexe mais que c’est mal. Autrement dit ce discours dit que tout le monde est hétéro sauf les personnes homosexuelles qu’il faut guérir (ajoutons un peu de validisme pour la forme) mais que les bi·e·s n’existent pas. Le discours dominant parmi les personnes non-bies est biphobe que ces personnes soit hétérosexuelles ou homosexuelles, même si dans le cas des personnes homosexuelles c’est une tentative oppressive de lutter contre l’oppression qu’elles subissent (un peu comme la transphobie dans certains courants féministes).
    Pour plus d’infos: https://radicalbi.wordpress.com/2013/01/26/one-huge-clarification-monosexual-privilege-gays-and-lesbians/
    Édit: j’ai utilisé à plusieurs reprises biphobie à la place de monosexisme qui est le cas particulier d’hétérosexisme qui concerne uniquement les bi·e·s. J’ai constaté en recherchant des sources que c’était une erreur.

    1. « l’État et les institutions font mine de valoriser les juifs (ils ne parlent jamais des juives d’ailleurs, ce qui est très sexiste), de l’autre ils sortent des petites phrases insinuant que les Juifs ne sont pas français par exemple »
      Je ne vois pas comment on peut sérieusement défendre l’idée d’un antisémitisme d’Etat actuellement en France. La seule petite phrase que je connaisse qui corresponde à votre description c’est la formule de Raymond Barre après l’attentat de l

  3. La seule petite phrase que je connaisse qui corresponde à votre description c’est la formule de Raymond Barre après l’attentat de la rue Copernic. cela fait plus de 35 ans et ça me paraît une peu léger pour établir un antisémitisme structurel des institutions françaises. D’autant qu’on pourrait donner des citations en sens inverse comme « les juifs sont l’avant-garde de la république de Valls » sans parler du fameux dîner du CRIF dont se gargarisent les tenants de la thèse du philosémitisme d’Etat. A ma connaissance, l’obsession pour la non-francité des Juifs est un marqueur de l’extrême-droite dont on ne peut pas dire que les représentants soient très bienvenus dans les institutions politiques françaises.

    Bien sûr, pour déterminer s’il existe un antisémitisme d’Etat, je pourrais m’en remettre à la « parole des concernés », or je n’ai pas vraiment l’impression qu’elle aille dans votre sens. Certes il y a les « juifs révolutionnaires » de votre lien mais je doute qu’ils soient plus représentatifs de la parole des Juifs de France que le CRIF (quoi qu’on pense de la prétention à la représentativité de celui-ci) qui, en matière d’antisémitisme, incrimine les musulmans plutôt que l’Etat.
    [soit dit en passant, je suis singulièrement agacé de voir que ceux qui invoquent perpétuellement la parole des concérnés sont passés maîtres dans l’art de n’entendre que ceux des concernés qui leur disent ce qu’ils ont envie d’entendre]

  4. Assez d’accord avec la réponse de Patertaciturnus.

    Sur les bis, je ne suis pas convaincu non plus. En fait, je ne crois pas avoir jamais entendu le « discours officiel » que vous mentionnez, selon lequel « une personne doit être attirée par une personne de sexe opposée ». Ca, c’est le présupposé de l’invisibilisation sociale de la bisexualité, mais ce n’est pas un « discours officiel », parce que la bisexualité est, socialement parlant, une non-question. Les bis font essentiellement l’objet d’une *indifférence* massive, ce qui ne saurait constituer une oppression – même si, je le conçois, cette indifférence peut parfois déboucher sur une invisibilisation. Mais celle-ci n’est jamais que le revers de la médaille de l’indifférence. Il y a des gens qui manifestent contre le mariage pour tou-te-s, il y a des gens qui disent « God hates fags » ou « Les pédés au bûcher », mais je n’ai jamais entendu « Les bis au piloris ». Ce que vous décrivez, c’est un vague sous-produit de l’hétérosexisme, mais qui a une très faible autonomie.

    Je dirais qu’il faut raisonner, comme pour chaque X-phobie, « toutes choses égales par ailleurs » (et là, l’intersectionnalité nous aide). Ce qui permet d’établir l’existence du racisme, par exemple, c’est l’existence d’une domination selon la race *orthogonale* aux autres dominations (genre, classe, etc.). C’est-à-dire que si on neutralise toutes les autres données, la personne racisée aura tendance à être systématiquement désavantagée par rapport aux non-racisé-e-s : une femme arabe par rapport à une femme blanche, un ouvrier noir par rapport à un ouvrier blanc, etc. Or comment faites-vous pour isoler le facteur « bi » par rapport au facteur « homo » ? Avez-vous des exemples sérieux où une personne bi serait vraiment désavantagée par rapport à n’importe quelle personne non-bi, soit homo soit hétéro ? Vous ne donnez qu’un seul exemple, celui d’un « discours social » qui, à mon avis, n’existe pas vraiment comme tel. Et puis bon, tout de même, le seul « discours social » me paraît insuffisant pour définir une domination sociale, s’il n’y a pas aussi, à côté, des vraies discriminations, des violences et des agressions, ou ce genre de choses. Sinon, il faut dire que les fonctionnaires sont une catégorie opprimée : le discours social anti-fonctionnaires est plus puissant et plus explicite que le discours social biphobe !

  5. Écoutez quand je poste des liens c’est pas pour décorer… Lisez ce que j’envoie avant de parler… J’ai pas trop l’énergie de débattre là tout de suite, je reviendrai peut-être quand je m’en prendrai moins dans la gueule niveau antisémitisme et hétérosexisme, parce que je suis trop concernée pour pouvoir prendre ça comme un simple débat de point de vue… Ce que vous dites est oppressif mais j’ai pas l’énergie de vous expliquer tout de suite ni de m’engueuler. @+

    1. « je reviendrai peut-être »

      Ne vous sentez surtout pas obligée. On ne débat pas à coups d’anathèmes. « Vous êtes oppressif » n’est pas un argument.

  6. Non seulement le racisme anti-blancs existe, y compris en France (les atrocités commises à Evry en 2014 sur une jeune femme blanche en sont la preuve ) mais il peut devenir un véritable racisme d’Etat en certaines occasions. Ce fut le cas en Côte d’Ivoire où les crimes (viols, meurtres) commis contre la population blanche au début des années 2000 furent encouragées par le gouvernement ivoirien. Et aujourdh’ui encore les agressions racistes de cette nature sont fréquentes dans ce pays : il peut s’agir de véritables lynchages dont les auteurs savent qu’ils bénéficieront d’une totale impunité.
    « Le racisme anti-blancs n’existe pas » est en fin de compte une légétimisation du crime raciste. Une façon abominable de culpabiliser les victimes et de victimiser leurs bourreaux.

    1. Réponse évidente : la question de savoir qui est dominé-e ou dominant-e dépend des contextes ou des pays. Le cas ivoirien peut difficilement réfuter une analyse valable pour la France et d’autres pays européens.

      1. Le racisme a pour définition « haine ou mépris pouvant aller jusqu’à la violence envers des individus d’une autre ethnie » : il peut donc tout aussi bien venir de prétendus « dominés » que de prétendus dominants. Les Juifs ne sont pas considérés comme des dominés : est-ce à dire que l’antisémitisme n’existe pas ?
        D’autre part la théorie dominés/dominants définit les individus non pas en fonction de leur personnalité ou de leurs actes mais en fonction de leur couleur de peau ou de leurs origines, voire de leur religion, reproduisant ainsi le schéma traditionnel du racisme. En conséquence il s’agit d’une représentation du monde profondément raciste. Toute représentation qui réduit l’être humain à son appartenance ethnique est par définition un racisme.

        1. Il faudrait savoir. Si la définition du racisme, c’est : « haine ou mépris pouvant aller jusqu’à la violence envers des individus d’une autre ethnie », je ne vois comment on peut dire que le simple fait de « définir des individus en fonction de leur couleur de peau » est raciste. Par ailleurs, soyons précis : il ne s’agit pas de « définir » les individus, en l’occurrence, et encore moins de les « réduire » à quoi que ce soit, mais simplement de les caractériser sur un point précis (heureusement, la « définition » d’un individu, quoi que ça veuille dire, ne s’épuise pas dans le fait de dire qu’il est dominé ou dominant).

          1. A partir du moment où on classe les gens dans des cases préconçues comme « dominé » ou « dominant » on réduit les êtres humains à des stéréotypes sans grand rapport avec la complexité du réel. Or le racisme et l’antisémitisme sont précisément le fruit de stéréotypes, de généralités, et celles-ci finissent toujours par prendre une tournure péjorative. En conséquence la haine ou le mépris sont toujours le résultat de ce genre clichés, de généralités, comme par exemple le fait de faire passer les Juifs pour des dominants ou des privilégiés : on sait tous où cela a mené, n’est-ce pas ?

            1. « A partir du moment où on classe les gens dans des cases préconçues comme « dominé » ou « dominant » on réduit les êtres humains à des stéréotypes sans grand rapport avec la complexité du réel.  »

              A partir du moment où on applique des qualificatifs à des gens (« grand », « blond », « petit »…), on réduit les êtres humains à des stéréotypes sans rapport avec la complexité du réel. Ce n’est pas une raison pour s’interdire de le faire.

              1. Ce que vous dites n’a guère de sens : personne n’a jamais été tué ou victime d’actes de cruauté parce qu’il est grand, blond ou petit. Hitler a fait massacrer 6 millions de Juifs parce qu’il les considérait comme des dominants et des privilégiés. Les enfants juifs victimes de Merah et Sarah Halimi ont été massacrés parce qu’ils étaient considérés comme des dominants et des privilégiés. Idem pour le gang des barbares, les atrocités commises à Evry etc…avec les crimes commis par des individus qui se prennent pour des dominés sur leurs victimes qu’ils considèrent comme des dominants, on pourrait écrire une encyclopédie volumineuse.
                Qui dit essentialisme dit racisme. Qui dit racisme dit potentiellement crimes, viols, actes de torture racistes voire génocide dans certains cas.

              2. Et en outre grand, blond ou petit sont des mots désignant une apparence physique objective : cela n’a rien d’idéologique. « Dominant » et « dominé » ne désignent aucune réalité objective mais une généralisation abstraite et purement subjective concernant des êtres humains réduits eux-mêmes à des abstractions : l’individu est nié en tel que tel et se trouve réduit à être le représentant d’une partie de la population ou du monde (et cette représentation repose sur une idéologie, c’est-à-dire sur quelque chose de subjectif et de factice ). C’est cela, l’essentialisme. Et donc le racisme.

                1. En fait, l’une des choses qui me gêne beaucoup dans votre argumentaire, c’est que vous utilisez un argument « conséquentialiste » (au sens logique, pas au sens moral) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Argumentum_ad_consequentiam

                  Vous invalidez le fait de considérer les gens comme « dominants » ou « dominés » sous prétexte que cela risquerait de mener à des génocides. Mais ce n’est pas parce qu’une vérité a des conséquences déplaisantes que cette vérité est fausse. Quand bien même le fait de parler de « dominants » et de « dominés » mènerait à des atrocités, ce ne serait pas une raison pour essayer de produire la description la plus exacte possible de la réalité.

                  « Ce que vous dites n’a guère de sens : personne n’a jamais été tué ou victime d’actes de cruauté parce qu’il est grand, blond ou petit. Hitler a fait massacrer 6 millions de Juifs parce qu’il les considérait comme des dominants et des privilégiés. »

                  Votre argument, c’était : on ne peut pas mettre les gens dans des cases parce que ça réduit la complexité du réel. Je vous montre que si, on peut. Vous utilisez contre un argument A une objection qui est censée répondre à un argument B…

                  1. Vous ne montrez rien : votre raisonnement procède de l’essentialisme. L’essentialisme étant sans rapport avec la complexité du réel, il relève du préjugé à l’état pur et même de l’irrationnel . Toute pensée rationnelle prend au contraire en compte la multiplicité de la réalité humaine. Ce qui est par essence incompatible avec tout racisme, c’est-à-dire tout essentialisme, qui classe les êtres humains en fonction de leur origine, de leur couleur de peau, de leur nationalité etc…Nier l’individu en tant que tel et le réduire à sa communauté, elle-même considérée à travers le prisme déformant des stéréotypes et des idées toutes faites, c’est précisément la définition du racisme.
                    Un exemple parmi un millier d’autres : un homme blanc autiste ou neuro-atypique vivant en France risque de subir plus de discriminations que n’importe quel autre groupe de population : outre les discriminations en milieu scolaire, au travail et au logement, dans certains cas assez fréquents , il peut connaître l’internement abusif, les mauvais traitements, les maltraitances physiques et morales. Comme ce que vit Lisbeth Salander dans Millenium (ce n’est pas de la fiction). Donc le dominé, si dominés il y a, c’est lui. Et ce n’est qu’un exemple parmi une infinité d’autres. Mais un être humain ne se définit pas, contrairement à ce que pensent les admirateurs du 3ème Reich et les membres du PIR, par rapport au hasard qui l’a fait naître dans telle ou telle catégorie, elle-même divisée en d’innombrables autres catégories. Un être humain se définit par rapport à sa personnalité, ses qualités et ses actes. C’est le principe de l’humanisme contre le principe du fascisme et du totalitarisme.

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