Des métaphores validistes ? (2e partie : étude de cas)

Première partie

Note préliminaire : J’ai été assez actif sur ce blog ces derniers temps, notamment pour causes de vacances. Je risque d’être désormais sans accès à Internet pendant une dizaine de jours, donc :

  • ne vous inquiétez pas si je ne réponds pas à vos éventuels commentaires, je ne suis pas mort ;
  • ne vous inquiétez pas si un peu de temps s’écoule sans que je publie rien, je ne suis pas mort. De toute manière, le tempo frénétique de ce mois d’août n’avait pas vocation à durer.

*

Dans mon précédent billet, j’ai évoqué la question des métaphores dites « validistes », ou « handiphobes » : celles qui utilisent par exemple la cécité pour évoquer le manque de connaissance, comme dans l’expression être aveuglé-e par ses préjugés, ou relecture à l’aveugle. J’ai observé qu’à ce compte-là, il ne fallait pas seulement condamner comme validistes les métaphores reposant sur une dysfonction du corps, mais également celles qui reposent sur un bon fonctionnement du corps. Du point de vue des implications, en effet, associer un défaut à un handicap revient exactement au même que d’associer une qualité à l’absence de ce handicap – et je ne crois pas qu’il soit soutenable d’affirmer que l’expression ce stylo marche au sens de « ce stylo fonctionne » soit acceptable alors que ce stylo ne marche pas ne serait pas acceptable car renverrait à un handicap. J’en ai conclu que le champ des métaphores à bannir était redoutablement étendu, et qu’il apparaissait extrêmement coûteux, voire impossible, de s’en passer. Pour prouver ce que je dis, je vais reproduire mon avant-dernier article (pas le dernier, portant justement sur les métaphores validistes, car il y aurait un biais), qui a aussi l’intérêt d’inclure des citations d’autres personnes, en y relevant les métaphores qu’il faudrait bannir selon ce principe. Je vais adopter un code couleur (ça apportera un peu de gaieté à ce blog austère) : je mets en rouge les métaphores clairement « validistes » d’après les critères (d)énoncés dans mon précédent billet, je mets en orange celles pour lesquelles j’ai un doute, et en vert toutes les métaphores qui ne posent pas de problème. Dans le cas des métaphores rouges ou orange, j’essaie de justifier mon choix à chaque fois, par souci d’honnêteté et de transparence. L’idée, au bout du compte, c’est d’être étonné par la quantité de rouge, et de se dire : « ah ouais, quand même, ben du coup non, les métaphores corporelles, on ne peut vraiment pas s’en passer. » On remarquera aussi que les passages les plus théoriques et les plus touffus, sans doute aussi les plus compliqués, comme mes derniers paragraphes, sont à la fois les moins rouges, les moins orange et les moins verts – ce qui est logique : j’y adopte un style précis, sec et peu métaphorique.

Par charité, je n’ai relevé que les « vraies » métaphores, c’est-à-dire pas les mots dont l’étymologie est « validiste » mais qui sont aujourd’hui utilisés non métaphoriquement, comme évident, envisager, invoquer, etc. Dans le cas contraire, il y aurait naturellement encore plus de rouge.

*

Mettre les films en série : réponse à quelques objections

C’est la gloire : certaines personnes que je ne connais pas se sont mises à parler [l’usage d’une métaphore renvoyant à l’oralité pour décrire une forme d’expression quelle qu’elle soit, écrite en l’occurrence, est offensant et oppressif pour les muet-te-s, puisque cela laisse supposer qu’ils/elles ne peuvent pas communiquer ou s’exprimer] de ce blog sur un forum que je ne connaissais pas. Si cela me réjouit, ce n’est pas seulement parce que cette attitude contribue vaguement à accroître la notoriété de mes écrits, mais aussi et surtout parce qu’elle permet de concrétiser la forme dialogique que je veux leur donner – et que je crois être celle de toute pensée authentique. Vu les arguments qui me sont opposés (assez faibles, à mon avis, mais on va y revenir), je ne pense pas que la contradiction, dans ce cas précis, soit aussi fructueuse qu’elle pourrait l’être. Mais après tout, on ne perd jamais rien à clarifier [métaphore associant la connaissance à la lumière, donc à la vue ; équivalence voir-savoir ; aveuglophobe. Je mets en orange plutôt qu’en rouge, parce que le verbe clarifier s’est un peu autonomisé de l’adjectif clair, mais enfin, on l’y entend quand même…] ce que l’on a voulu dire [comme parler] ; et si quelques personnes ont cru devoir soulever des objections [le verbe soulever est handiphobe, car une personne handicapée au point de ne rien pouvoir soulever peut tout de même formuler des objections] à un texte écrit par moi, rien ne me permet de penser qu’elles soient les seules dans ce cas. Autant, donc, leur répondre – y compris si elles ne devaient jamais lire ma réponse : d’autres en profiteront à leur place.

Ça se passe ici. Le billet incriminé est celui-là. Plus précisément, ce paragraphe, que je cite en restituant les surlignages de la dénommée I-love-you (en fait non, parce que comme l’éditeur de texte de WordPress n’est pas très bon, il me sabote mes caractères gras, et puis comme ce n’est pas très important de toute façon, je n’ai pas envie de m’embêter à trouver une astuce pour contourner [ce genre de métaphores spatialisantes, reposant sur l’idée de mouvement, posent un problème récurrent : quid des personnes qui peuvent échapper à un problème, mais ne peuvent pas se déplacer ? La métaphore, cependant, me semble trop lexicalisée pour que je passe au rouge] le problème) :

Mais on peut avancer [j’hésite à mettre en orange, pour les mêmes raisons que contourner, mais ça me semblerait un peu abusif] un autre argument : un film a toujours de très bonnes raisons de ne pas représenter des homos, des trans, des noir-e-s, etc. Et quand j’écris « bonnes raisons », je ne suis pas ironique, ce n’est pas une antiphrase : je pense que les codes génériques, le respect de la réalité historique, les contraintes scénaristiques, etc., sont effectivement des contraintes à la fois puissantes et fertiles [offensant pour les personnes stériles] qui s’imposent aux réalisateur/trice-s, et qui constituent des clés d’interprétation puissantes, efficaces et acceptables de ce que l’on voit à l’écran. Je prends un exemple extrême : dans un biopic sur Charlemagne, il n’y aurait pas sans doute pas de personnage noir. Or je crois qu’il est parfaitement acceptable de faire un biopic sur Charlemagne sans personnage noir – pour des raisons scénaristiques, et de vraisemblance historique. Même dans un film de fiction situé dans un univers contemporain, où de telles contraintes ne pèseraient pas, il n’en reste pas moins qu’on pourrait avancer, pour expliquer telle ou telle lacune dans les représentations, des arguments conjoncturels et précis : si dans tel film le personnage principal est hétéro, c’est toujours aussi parce que, pour des raisons esthétiques peut-être très subtiles, il fallait qu’il formât un couple hétérosexuel, parce que le projet général du film le commandait. Un film, comme n’importe quelle œuvre d’art, est un tout cohérent, et non un jeu de mécano [est-ce que ça laisse entendre qu’il faille pouvoir se servir de ses mains pour opérer des substitutions d’éléments dans un film ?] où l’on puisse combiner aléatoirement les éléments entre eux (changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de tel personnage sans modifier le projet d’ensemble) pour le confort et le plaisir de telle ou telle minorité, ou, plus exactement, pour l’agrément des demi-habiles de LCEP[3]. À telle lacune, à tel défaut, les raisons locales existent, et sont puissantes.

La discussion est ensuite plutôt brève, et l’on passe assez vite à des considérations d’un autre ordre. Au total, il me semble que trois critiques sont formulées à l’égard de mon billet. Je vais y répondre de la moins intéressante à la plus subtile.

1.

LovelyLexy écrit :

Et puis je vais pousser mon coup de gueule [évidemment muettophobe] mais des personnes non blanches il y en a TOUJOURS EU en Europe, beurdel de baïte [pas vraiment une métaphore…]. Primo, les esclaves/affranchis/citoyens d’origine non européenne de la Rome Antique ( qui, au delà de ses défauts impérialistes, brassait [j’ai hésité avec rouge. Métaphore corporelle, qui prend pour modèle les personnes qui ont des bras et peuvent s’en servir – mais ici, le verbe n’est pas appliqué à un être humain mais à une civilisation, ce qui atténue probablement sa charge validiste – surtout que je ne vois guère de situations où on puisse appliquer le verbe brasser à des humain-e-s, sinon au sens propre. Bref : orange mûr] pas mal de populations) ont pas disparu en un claquement de doigt [no comment…]. Secundo, on en retrouve sur les enluminures, dans l’art, PARTOUT. Une dame de compagnie de Margareth Tudor, reine d’Ecosse, était noire et selon les chroniques sa meilleure amie. Il y avait des coiffeurs et des musiciens noirs sous Louis XVI ( big up à la BD « Olympe de Gouges » qui les montre). Les nobles dames, comme Marie Thérèse d’Autriche ou Mme du Barry avaient leur page noir ( celui de la du Barry est devenu un révolutionnaire notoire), le père d’Alexandre Dumas père était un métis… Dans « La Foire aux Vanités », Thackeray mentionne la fille métis d’un lord, qui est son héritière, va dans une école de ladies, fréquente le gratin et fait un beau mariage. On a aussi Didon Belle, qui a eu une histoire identique, et sur qui un film va sortir… Je continue?

Donc si, montrer des non blancs dans un film historique n’est pas un bricolage [ce n’est pas exactement une métaphore corporelle, mais une métaphore qui repose sur une aptitude physique dont certaines personnes sont évidemment privées].

Je ne sais pas trop, à vrai dire [cf. plus haut, le problème de dire], si ce développement se pense véritablement comme une critique de mon discours, ou comme une remarque annexe – en tout cas, il suscite de nombreuses réactions, qui donnent d’ailleurs à la discussion une tout autre direction. Quoi qu’il en soit : cette réponse de LovelyLexy permet d’établir qu’il y avait des non-blanc-he-s en Europe au Ier siècle après Jésus-Christ, ou au XIXe siècle, mais pas forcément à l’époque de Charlemagne. Deuxièmement, ce n’est pas parce qu’il y avait des personnes non-blanches en Europe à l’époque de Charlemagne qu’elles y étaient suffisamment nombreuses, et suffisamment proches des sphères de pouvoir, pour qu’il soit naturel de les représenter dans un biopic sur l’empereur. Troisièmement et surtout, c’est vraiment prendre mon argument par le petit bout de la lorgnette [magnifique]. Si l’exemple ne convient pas, je suis prêt à en changer (c’est même un peu le principe d’un « exemple » !). Il n’y avait pas de séropositif/ve-s à l’époque de Charlemagne, n’est-ce pas ? Cela fera l’affaire.

2.

Deuxièmement, I-love-you écrit, dans l’un de ses posts, que « les films historiques ne sont pas représentatifs des films diffusés au cinéma, donc c’est vraiment un argument de mauvaise foi. » Mon argument serait effectivement malencontreux si mon but était :

  1. de prouver quelque chose sur un cas évident ;
  2. d’étendre les résultats de ma démonstration à des cas plus discutables.

Mais je ne crois pas que ce soit ce que j’ai fait. En tout cas, je suis à peu près sûr que ce n’était pas ce que je voulais faire au moment où j’ai écrit mon billet. Ce que je voulais, c’était plutôt faire percevoir [variation sur VOIR-SAVOIR, en l’occurrence plutôt VOIR-COMPRENDRE] une évidence (mais qui n’en est pas une pour tout le monde, visiblement [même si, ici, c’est bien par la vue que j’ai fait ce constat, le mot est plus généralement synonyme de semble-t-il, ce qui est aveuglophobe]) que prouver rigoureusement une thèse. Et pour faire percevoir cette évidence, j’ai proposé un exemple particulièrement clair [variation sur VOIR-SAVOIR], en misant sur le fait que si quelqu’un voit pourquoi ce que je dis sur un biopic carolingien est vrai, alors il verra aussi, par analogie, pourquoi on peut appliquer le même genre de discours sur d’autres films. En fait, il s’agissait simplement de forcer mon lecteur ou ma lectrice à envisager les éléments d’un film du point de vue de leurs déterminations locales, immédiates, internes à l’œuvre considérée, en suggérant un cas où ces déterminations locales sautent aux yeux.

Mon propos n’incluait pas en tant que tel une preuve que ces déterminations locales jouent. Pour moi, l’idée qu’un fait puisse s’expliquer par des déterminations locales est en deçà de la preuve ; c’est peut-être quasiment de l’ordre de l’intuition métaphysique. Je ne vois pas comment je pourrais le prouver autrement qu’en alignant [à la rigueur : métaphore visuelle, qui pense la communication sur un modèle spatial, donc écrit, ce qui est offensant pour les aveugles – sauf ceux/celles qui maîtrisent le braille – et, par ailleurs, pour les illettré-e-s. Bon, je ne suis pas tout à fait convaincu moi-même, donc orange] les exemples, ou en réfutant l’une après l’autre toutes les réfutations qui m’en seraient faites (on en réfutant, simplement, quelques réfutations, sans utiliser d’arguments qui ne pourraient pas être facilement amendés pour fonctionner dans un très grand nombre de cas).

Or il se trouve que la contradiction qui m’est portée m’offre l’occasion de réfuter certaines réfutations, notamment celles d’AngelTen Richard II. Je vais à présent montrer que même quand cette dernière entend me critiquer, elle ne peut pas faire autrement, en réalité, et sans s’en rendre compte, que tomber d’accord avec moi.

3.

La critique la plus intéressante, donc, vient d’AngelTenRichard II :

Mmmh, lol. J’ai vu un biopic de Casanova avec un acteur et une actrice noirs (qui jouaient des personnages importants, en plus). Si au début, ça m’a un peu choquée parce que c’était pas du tout réaliste vu les personnages (que je connaissais de son autobio) au final ça passait bien, parce que tout le film n’était pas réaliste du tout.
Et puis bon… lol quoi. Il y a des gens qui arrivent à faire des films très bien avec des personnages non-caricaturaux qui font partie de minorités… Et puis il y a beaucoup, beaucoup de personnages de films dont le genre ou la couleur ou l’orientation sexuelle pourrait changer sans problème.

Alors… lesquels ?

Parce que soyons clair : le fait qu’il y ait des biopics avec des Casanovas noirs ne constitue pas une réfutation suffisante de mon argument. Quand j’avais discuté de ces questions sur le site Le Cinéma est politique (LCEP), mon interlocuteur m’avait déjà opposé je ne sais plus quel film avec un Hamlet noir. Tout cela est très beau. Tout cela est très bon. Je n’ai rien, vraiment, contre ce genre d’audaces. Mais si on fait un film avec un Hamlet, ou un Casanova, ou un Charlemagne blanc, et qu’au dernier moment on prend un acteur noir pour jouer le rôle-titre, je maintiens que la couleur de peau du personnage principal n’est pas du tout la seule chose qui change. Prendre un Hamlet noir, un Casanova noir ou un Charlemagne noir, c’est adopter un anti-réalisme provocateur. C’est signaler [métaphore sensorielle, mais qui ne se rapporte pas à un sens précis, donc plutôt vert, mais vert qui tire vers l’orange] au public qu’on entend dépasser certaines conventions de représentation. C’est signaler au public qu’on se situe dans une démarche critique (contre quoi que ce soit, d’ailleurs : contre le racisme, contre le réalisme, contre les codes cinématographiques traditionnels, etc.). C’est faire tout un tas de choses qui excèdent la simple substitution d’un acteur noir à un acteur blanc, et qui me permettent d’affirmer que

[Ici, passage déjà reproduit. Je ne recommence pas, ce serait de la triche.]

Le film avec le Casanova noir, nous apprend AngelTen Richard II, n’était « pas réaliste du tout ». Mais qu’est-ce qui se passe, si on a envie de faire un film réaliste ?

La seule chose qu’AngelTen Richard II a montré, en suggérant qu’ « il y a des gens qui arrivent à faire des films très bien avec des personnages non-caricaturaux qui font partie de minorités », c’est que certains films admettent, dans leurs programmes/projets propres, la présence de tels personnages. C’est que ces personnages dominés s’intègrent bien à la logique esthétique du film en question (c’est pour cette raison qu’ils arrivent à ne pas être caricaturaux). Mais du coup, AngelTen Richard II elle-même en revient à une explication de type local : dans un film donné, la présence d’un personnage dominé se justifie parce qu’elle n’est pas caricaturale (sous-entendu : elle s’intègre bien au climat, à l’ambiance, au projet esthétique du film). La présence d’un Casanova noir dans un biopic sur Casanova se justifie par des raisons locales (le non-réalisme du film en question). Mais c’est exactement ce que je disais dans mon autre billet ! Il y a, dans certains films, de très bonnes raisons pour qu’il y ait des personnages dominés. Cela implique, assez logiquement, que l’absence de ces très bonnes raisons est elle-même une très bonne raison pour justifier l’absence de ces personnages dominés. Si le biopic sur Casanova était réaliste, cela justifierait le choix d’un acteur blanc plutôt que noir pour le rôle-titre.

La critique la plus sérieuse qui m’est adressée échoue donc, significativement, à dire autre chose que ce que je dis moi-même : elle valide sans s’en rendre compte mes propres arguments. C’est parce qu’elle est largement fondée sur un contresens, favorisée (peut-être) par le fait qu’AngelTen Richard II n’a (peut-être) pas lu l’ensemble de mon billet, mais seulement le paragraphe posté par I-love-you. Car ce contresens consiste justement à m’attribuer un type de raisonnement que mon billet avait pour objet de critiquer, à savoir : la confusion entre les justifications locales, particulières, à tel ou tel phénomène donné, et les justifications globales et générales du phénomène d’ensemble constitué par une série de phénomènes particuliers. Car la logique réfutative (réfutatoire ?) d’AngelTen Richard II est une logique du contre-exemple. Or le recours à ce type d’arguments suppose que j’aie inféré, de l’existence de justifications locales à l’absence d’une minorité dans un film, l’existence de justifications du même ordre à l’absence de cette minorité (ou à sa sous-représentation) dans une série importante de films. Ce qui, évidemment, est précisément ce que je n’ai pas fait, et précisément ce que j’ai dénoncé comme une faute de raisonnement. Les contre-exemples invoqués échouent donc complètement à me convaincre de quoi que ce soit.

Cela étant dit, je remercie chaleureusement I-love-you, AngelTen Richard II et LovelyLexy pour leurs précieuses contributions au débat, et pour les précisions qu’il/elles[1] m’ont donné l’occasion d’apporter à mon précédent billet.

*

Bilan, sauf erreur de dénombrement de ma part : on a 39 métaphores dans ce texte, dont :

  • 21 métaphores rouges (54% du total) ;
  • 5 métaphores orange (13% du total) ;
  • 13 métaphores vertes (33% du total).

Entre 54% et 67% des métaphores de ce texte devraient donc être bannies selon les critères expliqués.

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2 commentaires

  1. A vrai dire je suis assez décue par cette article alors que j’étais d’accord sur certains point dans la première partie. Parce que vous essayez de ridiculiser ce qu’ils essayent de dire en allant dans la caricature.
    Je passe sur le verbe « contourner » pour les paralysés -.- et au moins vous avez eu la descence de ne pas mettre « avancer » dedans.
    Mais « parler » muettophobe ? Y a un truc… qui s’appelle LA LANGUE DES SIGNES. Les muets parlent, bordel ! Ils sont capable de s’exprimer.
    Et il y a très peu de mot qui ont un rapport direct avec le handicap/maladie dans ce que vous avez cité.
    Désolée d’avoir crier. Je vais essayer d’organiser un peu ma pensée.
    Vous présentez le handicap comme quelque chose de négatif parce qu’il y aurait une perte. Soit. Enfin, vous laissez de côté tous les cas où il n’y a pas de perte mais ils font autrement (à tout hasard… l’autisme ?). Le problème est pas vraiment là.
    Bien sur, certains handicaps/maladies seront plus embêtante que d’autre. Ils demanderont plus ou moins d’aménagement et causeront plus ou moins de douleurs. Mais ca ne veut pas dire pour autant qu’ils seront moins bien que les valides.
    Seulement, à leur problème de base, va se rajouter un problème plus important qu’est l’ableism. Qui va considérer qu’ils sont peu importants, moins bien ou encore qu’ils mentent.
    En vous basant uniquement sur aveugle/sourd/handicapé moteur (je crois pas avoir vu beaucoup d’autre) puis en zappant sourd, vous montrez une vision assez biaisé.
    Vous n’avez absolument pas parlé d’une autre expression qui fait problème qui est « un dialogue de sourd » et que les sourds n’aiment pas vraiment… parce qu’elle agit comme s’ils étaient incapable de communiquer entre eux et ca revient à ce que j’ai dit tout à l’heure : ca invisiblise totalement leur langue (qui n’est généralement pas considéré comme « vrai ») et leur culture. C’est quand même une communauté qui a appris assez vite à se débrouiller et ce qu’ils disent… c’est qu’ils n’ont pas envie de guérir. Ils sont bien comme ils sont.
    L’ableism, à ce niveau, ce sera les gens qui, à partir de cette idée « ils arrivent à se débrouiller » ne vont pas faire d’effort et considérer qu’ils n’ont qu’à « écouter » ce qu’ils disent. Pardon c’est un peu embrouillé. Les sourds mettent en place des systèmes pour avoir une vie plus simple. L’ableism c’est ce qui décridiblisera ses systèmes et ordonnera qu’on utilise d’autres moyens pour faciliter la vie… aux non-sourds !
    Ca va se manifester par la loi qui interdisait jusqu’aux années 1990 d’enseigner la langue des signes dans les écoles.
    Aux professionnels qui vont la déconseiller aux parents d’enfants sourds en disant qu’ils ne pourront plus communiquer « normalement » après.
    Qui vont leur apprendre à parler « à voix haute » même si c’est contraignant.
    Et de manière plus générale :
    C’est ce qui va dire qu’ils n’ont pas à avoir de représentation dans les médias sauf en rôle de méchant ou d’inspiration.
    C’est le fait de les dépeindre de manière négative : fainéant, voulant des aides sociales etc.
    C’est les médecins qui vont dire à leur patients qu’ils simulent, qu’ils n’ont pas réellement mal.
    C’est l’utilisation abusive à tort et à travers du vocabulaire médical comme insulte.
    C’est le fait qu’on va pas songer à faire des aménagements dans certains lieux parce qu’ils trouvent que ca en vaut pas la peine.
    C’est l’obsession de « guérir » alors que certains (j’ai cité les sourds mais il y a aussi l’autisme) ne veulent pas. Et parfois guérir ca veut dire « dépister prénatal » pour faire avorter (autisme speaks par ex).
    C’est le fait de ne pas donner le diagnostic à un enfant dans le cas des maladies psy/dévelopemental parce que « ca va le perturber ».
    C’est l’idée que seul les « malades » sont violents ou peuvent tuer quelqu’un.
    C’est quand le mot « malade » ou « handicapé » devient une insulte.
    Et, plus grave, c’est les cas où les parents tuent leur enfant handicapé et qu’on présente ca dans les journeaux comme de l’euthanasie, de parent courageux et qu’ils ne sont pas condamnés (y a eu un cas y a pas longtemps comme ca).

    Alors à côté de ca, on pourrait peut être commencer à s’interroger sur notre vocabulaire. Ou au moins enlever les insultes ou les expressions qu’ils disent être dérangeant. Parce que ca en dit long sur la façon dont nous pensons.
    (Désolée pour le pavé :$ )

    1. Bon, je suis un peu embêté pour vous répondre : vous apportez plein d’éléments intéressants (certains avec lesquels je suis spontanément d’accord, d’autres moins, mais bon, je ne vais pas revenir sur tout – il y en a aussi sur lesquels je n’ai pas d’avis…), vous dénoncez l’ableism (dont je n’ai jamais nié l’existence), et vous finissez par dire : « au moins on pourrait faire attention au langage qu’on emploie », alors que j’ai écrit 2 articles pour expliquer dans le détail pourquoi ces revendications me paraissaient illégitimes (en tout cas, illégitimes *dans les cas précis dont je parle*, c’est-à-dire les métaphores. Les injures, c’est peut-être un autre problème). Du coup, je ne vois pas très bien comment je pourrais être sensible à vos arguments, parce que j’ai l’impression que vous contournez la question…

      Et sinon, pour contourner, je n’ai pas parlé des personnes paralysées, mais des personnes qui ne peuvent pas se déplacer (mettons les personnes qui souffrent d’un locked-in syndrom, si vous voulez).
      Et il me semble que le verbe « parler », dans son sens strict, suppose une verbalisation orale… Si j’écris ce que je veux dire sur des bouts de papier, par exemple, je ne pense pas qu’on puisse dire que je sois en train de parler. En ce sens-là, non, les muet-te-s ne parlent pas…

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